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Le poête Arthur Rimbaud est à peine âgé de 16 ans lorsqu'il fait la connaissance, à Paris, d'un autre poête, dix ans plus âgé que lui: Paul Verlaine.
Spontanément, dès leur première rencontre, surgira entre eux un amour aussi passionné que, parfois, violent...
Cette passion illuminera, telle une étoile filante, la vie des deux amants durant une courte période.
Deux ans après seulement, en juillet 1873 et au cours d'une crise de jalousie, Verlaine tire une balle sur son ami et le blesse légèrement au poignet gauche.
Ce regrettable épisode va clore, définitivement, une incroyable et tumultueuse histoire d'amour dont la teneur nous est parfaitement donnée par cette lettre de Rimbaud à son ami Verlaine.
Je ne pouvais rêver, pour l'illustrer, image plus frappante que celle que nous offre
Leonardo DI CAPRIO
dans cette photo tirée du film "TOTAL ECLIPSE", qui recrée l'histoire des deux amants.A Verlaine, juillet 1873
Londres, vendredi après-midi.
Reviens, reviens, cher ami, seul ami, reviens. Je te jure que je serai bon. Si j'étais maussade avec toi, c'est une plaisanterie oú je me suis entêté, je m'en repens plus qu'on ne peut dire. Reviens, ce sera bien oublié. Quel malheur que tu aies cru à cette plaisanterie. Voilà deux jours que je ne cesse de pleurer.
Reviens. Sois courageux, cher ami. Rien n'est perdu. Tu n'as qu'à refaire le voyage. Nous revivrons ici bien couragesement, patiemment. Ah ! je t'en supplie. C'est ton bien, d'ailleurs. Reviens, tu retrouveras toutes tes affaires. J'espère que tu sais bien à présent qu'il n'y avait rien de vrai dans notre discussion.
L'affreux moment ! Mais toi, quand je te faisais signe de quitter le bateau, pourquoi ne venais-tu pas ?
Nous avons vécu deux ans ensemble pour arriver à cette heure-là !
Que vas-tu faire ? Si tu ne veux pas revenir ici, veux-tu que j'aille te trouver oú tu es ?
Oui c'est moi qui ai eu tort.
Oh tu ne m'oublieras pas, dis ?
Non tu ne peux pas m'oublier.
Moi je t'ai toujours là.
Dis, répons à ton ami, est-ce que nous ne devons plus vivre ensemble ?
Sois courageux. Réponds-moi vite.
Je ne puis rester ici plus longtemps.
N'écoute que ton bon coeur.
Vite, dis si je dois te rejoindre.
A toi toute la vie.Rimbaud.
Vite, réponds, je ne puis rester ici plus tard que lundi soir. Je n'ai pas encore un penny, je ne puis mettre ça à la poste. J'ai confié à Vermersch tes livres et tes manuscrits.
Si je ne dois plus te revoir, je m'engagerai dans la marine ou l'armée.
O reviens, à toutes les heures je repleure. Dis-moi de te retrouver, j'irai, dis-le-moi, télégraphie-moi - Il faut que je parte lundi soir, où vas-tu, que veux-tu faire